mardi 8 juillet 2014

Villes vitrifiées du Moyen-Orient et d'Inde

[Cet article n'est qu'une ébauche]

Des villes vitrifiées au Moyen-Orient

Des vestiges vitrifiés ont aussi été signalés lors des fouilles archéologiques conduites dans plusieurs sites du Moyen-Orient, en particulier à Alalakh, ancienne capitale datant du bronze récent, dans la plaine d’Amuq (plaine d’Antioche) au sud de la Turquie. Les fouilles sont conduites par l’Université de Chicago [compte rendu sur le site Internet de l’Université de Chicago : www.oi.uchicago.edu ].


Toujours en Turquie, sont mentionnés des murs vitrifiés dans l’ancienne capitale des Hittites, Hattusas (actuellement Bogazköy en Anatolie, dans le centre de la Turquie actuelle).

Au Moyen-Orient encore les ruines de Babylone (actuellement à 160 Km au sud-est de Bagdad en Irak, en pleine zone de guerre), montreraient d’importantes traces de vitrifications (mais nous n’avons pu en avoir confirmation).

En Turquie, des traces de vitrification auraient été retrouvées lors des fouilles de Troie (actuelle Hisarlik).


En Inde

Mohenjo-Daro, ancienne capitale de la « civilisation de l’Indus » porterait d’importantes traces de vitrifications et de radiations. Les textes hindous écrits en sanscrit plus de 2000 ans avant notre ère (Mahabharata, Râmâyana) font état de guerres fratricides utilisant des armes terrifiantes



L'énigme du verre libyque

L’énigme du verre libyque

Selon Théodore MONOD, la première expédition à avoir signalé le « verre libyque » date de 1846 : c’est cette année-là « qu’une petite équipe de guides envoyée par Hadj Hussein vers l’est de Koufra rapporte pour la première fois l’existence « à quatre jours de marche vers l’est » de morceaux de verre épars sur le sol du désert. [1]» 

A part une mention, deux ans plus tard,  dans le Bulletin de l’Institut de géographie de Paris, l’affaire resta ignorée même des spécialistes jusque dans les années 1950. En effet, les indications des premiers observateurs étaient trop imprécises pour qu’on puisse retrouver le verre libyque, malgré la superficie importante où il est répandu, dans une zone très étendue d’un des déserts parmi les moins pratiqués du monde.

Nous savons désormais que la zone du verre libyque s’étend dans une partie de la Grande mer de sable à cheval sur la frontière nord ouest de l’Egypte et nord est de la Libye. D’après les coordonnées données par Monod, « on trouve du verre libyque dans les couloirs interdunaires sur une zone de 80 Km de long sur 30 Km de large. »[2] La zone de concentration majeure s’étend sur quelques dizaines de Km², par 25° 26’ 1’’ nord et 25° 30’ 8’’ est, comme l’a déterminé une expédition scientifique conduite par Aldo Boccazzi, Vincenzo de Michele et Giancarlo Negro en mai 1991.

Le verre libyque se présente sous forme de fragments de diverses tailles qui jonchent le sol. Certains sont plus ou moins enterrés. Les débris vont de quelques centimètres jusqu'à des blocs de plusieurs kilos ; le plus gros est un bloc de 27 Kg qui se trouve au Museum national d’histoire naturelle de Paris.

A l’observation, le verre libyque évoque le silex et les non-spécialistes peuvent le confondre avec ce matériau d’autant plus facilement qu’une large exploitation utilitaire en a été faite au cours de la préhistoire, principalement au paléolithique. Les anciens Egyptiens eux-mêmes n’ont pas hésité à l’utiliser comme une véritable pierre précieuse puisqu’on le retrouve sculpté en forme de scarabée sacré ornant l’un des plus célèbres pectoraux de Toutankhamon (actuellement au Musée du Caire) [3].


Pectoral de Toutankhamon, musée du Caire (cliché libre de droits provenant de Wikipedia)

Mais à la différence du silex, le verre libyque est beaucoup plus transparent même si la surface a été dépolie par une longue exposition à l’érosion : les blocs vont du transparent presque incolore au brun foncé en passant par des variétés laiteuses, jaunes, verdâtres ou vert foncé. Les morceaux sont le plus souvent épars avec quelques concentrations correspondants aux ateliers de taille préhistorique.

Les blocs sont soit homogènes, soit parcourus de traînées brunes. On y trouve aussi parfois de petits cristaux de cristobalite, une forme de silice. La surface de certains blocs est grêlée ou plus ou moins érodée par la corrosion, principalement éolienne.

Les différentes analyses géologiques ont donné les résultats suivants : 98 % de silice (SiO2), puis, dans l’ordre décroissant : oxydes de fer oxydé (Fe2 O3), alumine (Al2 O3), oxydes de fer réduits (FeO), titane et zircon.

La méthode des traces de fission a permis d’établir qu’il s’est formé il y a 28 ,5 millions d’années, c’est-à-dire durant la période oligocène et que la température de fusion avait avoisiné les 1700° C.  

C'est à peu près tout ce que l'on sait avec certitude du verre libyque. La question qui préoccupe le plus les savants est, bien entendu, celle de sa formation.  

Origines

L'hypothèse la plus couramment admise, pour expliquer la formation du verre libyque, est celle qui prévaut pour les tectites ou "impactites", celle de la vitrification du sable de la zone concernée par l'impact d'une météorite (hypothèse Spencer). 

Le problème majeur est qu’une impactite laisse un cratère plus ou moins visible mais dont on arrive toujours à déterminer l’extension. C’est le cas des six champs de tectites connus dans le monde : Etats-Unis (Texas et Géorgie, 35 Millions d’années), Bohême et Moravie (14,7 Ma), Côte-d’Ivoire (1,3 Ma), Australie (0,7 Ma). En outre, dans le cas des tectites, le matériau est projeté dans l’atmosphère et retombe sur terre en prenant des formes particulièrement identifiables. Rien de tel avec le verre libyque.



Tectite avec bulle d'air (cliché Wikipedia, libre de droits)

Si le verre libyque est le résultat d’un impact de météorite, le phénomène n'a pu que se produire in situ et la fusion du sable a été produite non par un impact physique mais par le dégagement au-dessus du sol d’une très forte chaleur.

Je ne m'arrêterai pas sur l'hypothèse du paléontologue allemand Ulrich Jux qui, se basant sur l'existence d'inclusions de pollens et de spores détectés au microscope dans certains débris, a cru devoir démontrer une formation "sédimentaire" du verre libyque [4].     

Une autre hypothèse peu vraisemblable est celle d’un gigantesque incendie de forêt qui se serait produit à l’époque où le Sahara était encore boisé, il y a 28,5 Ma. Pourquoi pas, mais dans ce cas, le gaz carbonique dégagé par un tel incendie se serait retrouvé piégé sous forme de bulles incluses dans le verre sous forme de cristallisations locales, ce qui n’est pas le cas.

Qu'on le veuille ou non, l'hypothèse la plus vraisemblable est bien celle de l'impact, soit d'une météorite. Mais, comme on l'a vu, tout impact de météorite au sol laisse des traces, ce qui n'est pas le cas en l'espèce, il faut donc imaginer l'explosion d'un corps inconnu, explosion qui se serait déroulée à quelques centaines de mètres au-dessus du sable, et qui aurait dégagé une chaleur suffisamment forte (1700° et plus) pour produire la fusion, sur une superficie immense, d'une portion du Sahara. Cela n’explique toutefois qu’une partie du mystère, laissant de côté celui des inclusions de matières organiques, pour l’instant, non réellement identifiées.

C'est l'hypothèse qu'avait adopté Théodore Monod, concluant que le mystère de la formation du verre libyque restait, pour l’instant, largement non élucidé. 

 Sources     

    Ø Théodore Monod. « Le verre libyque : une origine céleste ? », in : Œuvres diverses. Arles, Actes Sud, 1997 (coll. Thesaurus).
Ø Gerhard Müehle. "Libyan desert glass" Febr. 1998, in : www.meteor.co.nz/feb98_1.html
Ø Edmond Diemer. "Dossier – le verre libyque, une impactite ? Point de nos connaissances" sur : www.minerapole.com/f_/fi_03_052.html
Ø Murali, A.V. et alii. Formation of Libyan Desert Glass in : Abstracts of the Lunar and Planetary Science Conference, vol. 19, p. 817 (1988) Houston, Lunar and Planetary Institute, SAO/Nasa Astrophysics Data Systems.  





[1] Th . Monod . Œuvres diverses. Arles, Actes Sud, 1997 (coll. Thesaurus), p. 1211.
[2] D'autres sources, plus récentes et s'appuyant sur des relevés satellites, indiquent des zones encore plus vastes : 130  X 53 km soit près de 7000 km² selon Murali, A.V. et alii (1988). 
[3]  On a longtemps cru que ce scarabée était en calcédoine, jusqu'à ce que des chercheurs démontrent qu'il avait été taillé dans du verre libyque (Cf. Vincenzo de Michele. “The Libyan Desert Glass” scarab in Tutanhamen’s pectoral” in : Sahara, vol. 10, May 1999).   
L’une de ces formations énigmatiques se trouve au Sahara, aux frontières de la Libye et de l’Egypte. Il s’agit du verre libyque de la Grande Mer de Sable. A ce jour, personne n’a proposé d’explication rationnelle à la formation de cette gigantesque étendue vitrifiée.
[4]  Ulrich Jux (1983). Zusammensetzung und Ursprung von Wüstengläsern aus der Großen Sandsee Ägyptens. 
Zeitschrift der Deutschen Gesellschaft für Geowissenschaften, Band 134. p. 521-553, 4 fig. , 2 tab. , 4 pl.

Le mystère du verre libyque




Photo d'un échantillon de verre libyque rapporté par R. Courbis

Il s’agit d’une vaste zone de sable vitrifié située dans la Grande Mer de Sable, partie du Sahara aux confins de la Libye (Nord-Est) de l’Egypte (Nord-Ouest). Elle fut signalée pour la première fois en 1846.


Photo d'un 2ème échantillon de verre libyque rapporté par R. Courbis

Selon le grand naturaliste Théodore Monod [1], qui s'est passionné pour ce sujet « on trouve le verre libyque dans les couloirs inter-dunaires sur une zone de 80 Km de long sur 30 Km de large. Son aire de dispersion est orientée selon un axe nord-nord-ouest – sud-sud-est avec une zone de concentration maximale autour du point 25° 30’ nord et 25° 30’ est.


Zone du verre libyque sur Google earth

« Il se présente sous forme de fragments de tailles réduites posés sur le sol ou, parfois, légèrement enterrés [2]. La taille moyenne des morceaux est celle d’un poing. Le plus gros découvert à ce jour (il se trouve actuellement au Muséum d’histoire naturelle de paris) […] pèse 27 Kg.
«   […] la zone de concentration majeure (se situe) par 25° 26’ 1’’ nord et 25] 30’ 8’’ est.
« Sur le plan physique, le verre libyque se présente comme des blocs de verre largement érodés et d’une couleur allant du transparent presque incolore au brun foncé en passant par des variétés laiteuses, jeunes, verdâtres, vert foncé. Quelle que soit leur couleur, les blocs sont soit homogènes, soit parcours de traînées brunes. On y trouve aussi quelquefois des petits cristaux blancs de cristobalite, ne forme particulière de la silice. Dans tous les cas, ils présentent des traces d’érosion caractéristiques lorsqu’ils n’ont pas été façonnés de main d’homme [3] : la partie exposée aux agents atmosphériques est creusée de petites excavations juxtaposées, qui donnent à la pierre un aspect « grêlé », tandis que la partie au contact du sable, de la quartzite ou des grès de Nubie, présente des traces beaucoup plus fines de corrosion chimique dues à différents facteurs […]. Bien entendu, le verre a été étudié dans toutes ses composantes, et les différentes analyses effectuées dans les laboratoires européens ou nord-américains ont toujours donné des résultats très semblables : il se compose  à 98 % de silice (SiO2) que suivent dans l’ordre des oxydes de fer oxydé (FeO3), de l’alumine (AlO3), des oxydes de fer réduits (FeO), du titane et du zircon.
« La méthode des traces de fission a permis d’établir qu’il s’est formé il y a vingt-huit millions d’années, donc durant la période oligocène. »

L’article se poursuit par un sous-titre qui rend bien compte de la confusion des scientifiques pour expliquer la cause de cette formation : « Un mystère non dévoilé ».

« L’hypothèse la plus généralement admise […] est qu’il s’agit d’une « impactite », c’est-à-dire de la silice – provenant des roches locales – fondues sous la chaleur dégagée par l’impact, dans le désert libyque, d’un corps céleste. C’est l’hypothèse météoritique. »

Cette hypothèse est la plus couramment admise à ce jour. Le problème est qu’elle est loin d’être satisfaisante car une météorite, en se désintégrant, laisse généralement un cratère et des débris. C’est le cas dans les quatre « champs de tectites » connus dans le monde : Etats-Unis (Texas et Géorgie, 14,7 millions d’années) ; Côte-d’Ivoire, (1,3 millions d’années) ; Australie, (0,7 millions d’années). Les moldavites, tectites découvertes en Bohème et en Moldavie, proviennent de la chute de la météorite qui a créé en Allemagne le cratère appelé le Ries de Nördlingen et situé à près de 400 Km de l’endroit où ont été retrouvées les moldavites. Mais, dans le cas qui nous occupe, toutes les recherches (y compris en utilisant les ressources des satellites) pour retrouver le cratère d’impact qu’aurait dû laisser la météorite à l’origine du verre libyque ont été infructueuses.

Le verre libyque s’est formé sous l’effet d’une chaleur intense, de l’ordre de plus de 2000 degrés. Selon Théodore Monod, un seul scénario correspond à ces données : il y a 28 millions d’années, un corps incandescent serait venu se désintégrer avec un énorme dégagement de chaleur à quelques centaines de mètres au-dessus du sol du Sahara, vitrifiant la surface sur une aire de quelques dizaines de Km². Il est cependant tout à fait extraordinaire que ce « corps incandescent », quel qu’il soit, n’ait laissé aucune trace physique de son impact. 

Notes  

[1] « Désert libyque », in Thesaurus, pp. 1211-1220.
[2] Je remercie Robert Courbis pour m’avoir rapporté deux fragments de verre libyque d’une expédition faite dans cette région en 2004. Les fragments se présentent comme des morceaux de verre érodé de la couleur de l’ambre clair aux reflets légèrement verdâtre. On discerne quelques petites bulles d’air prises dans l’épaisseur du verre et la surface est en effet « grêlée », comme le dit Monod, par l’érosion éolienne.
[3] Dans le même article, il est dit que ces formations ont été largement utilisées pour fabriquer des armes et outils à l’époque paléolithique (paléolithique ancien et moyen). Elles ont aussi été utilisées par les anciens égyptiens pour la fabrication de bijoux. Le corps d’un scarabée ornant l’un des plus beaux pendentifs faisant partie du trésor de Toutankhamon (Musée du Caire) est en verre libyque d’une délicate teinte verte qui l'on fait prendre pour de l'onyx ou du jaspe.

Références bibliographiques :

  • MONOD, Théodore. Thésaurus. Arles, Actes Sud, 2001. L’article consacré au « Verre libyque » se trouve pp. 1211-1220.
Références internet :

samedi 5 juillet 2014

L'énigme des forts vitrifiés

Mémo : RC-Forts vitrifiés  (texte révisé_05/07/2014).

Une 1ère version de ce texte a été publiée en français et en anglais sur le site anglais consacré aux vestiges de forts vitrifiés de l’âge du fer (hillforts) : www.brigantesnation.com 

Note liminaire

La toute première version de ce texte avait été publiée en 1998, au retour d’un voyage en Ecosse au cours duquel j’avais découvert l’existence de « forteresses vitrifiées ».

Depuis, je n’ai cessé de m’intéresser à ce phénomène et j’ai découvert que, si l’Ecosse regroupait à elle seule une grande concentration de forteresses vitrifiées, elle était loin d’être la seule à présenter cette énigme archéologique. En effet, d’autres pays d’Europe, à commencer par  la France, avaient aussi, et ce dans des régions très différentes les unes des autres, des forts vitrifiés.

J’ai donc voulu en savoir plus et je me suis livré, depuis 1998, à un inventaire qui, sans avoir la prétention d'être exhaustif, m’a fait repérer une 100e de forts vitrifiés en France, mais aussi au Portugal, dans le nord de l’Europe, dans les pays scandinaves et en Europe centrale. 

D'autres vitrifications, comme celles signalées au Moyen Orient, en Inde et aux Etats-Unis, si elles présentent des similitudes avec les forts vitrifiés européens, ont des datations et sans doute une origine différente.

J'aborde aussi la question, elle aussi sans réponse à ce jour, du verre libyque. 

J’ai été aidé dans ce travail par des informations qui m’ont été adressées du monde entier, principalement grâce à ce media extraordinaire qu’est Internet.

Bien que l’exposé général rédigé en 1998 soit toujours fondamentalement valable et que je n’aie toujours pas de solution satisfaisante à proposer à cette intrigante énigme archéologique, il était nécessaire de réactualiser ce texte sur plusieurs points, ne serait-ce que pour y intégrer des observations nouvelles.

Présentation

C’est donc lors d’un voyage en Ecosse, pendant l’été 1997, que j’ai entendu parler pour la première fois de forts vitrifiés (« vitrified forts » en anglais[2]) : c’était en fin de journée. Mes amis et moi, nous arrivions au Château d’Urqhart, impressionnante ruine médiévale dominant la rive occidentale du Loch Ness, un peu au sud d’Inverness (nord de l’Ecosse), au moment où celui-ci fermait. Nous ne pûmes donc visiter le site et nous rabattre sur les panneaux qui indiquaient – comme s’il s’agissait d’une évidence - que ce château « faisait partie de l’ensemble des forteresses vitrifiées de l’âge du fer d’Ecosse »[3]. Le même panneau faisait allusion à d’autres forteresses de ce type, comme si cela était une évidence en Ecosse.


Cette mention m’intrigua au plus haut point et, de retour en France, je me mis à la recherche d’informations sur la question. J’avais le vague souvenir d’avoir entendu parler, par le passé, de « forteresses vitrifiées », sans parvenir à en retrouver la source. Je dus me rendre à l’évidence : ce phénomène semblait soit être ignoré des archéologues français, soit souffrir d’un véritable ostracisme. Par contre, de l’autre côté de la Manche, c’est un phénomène connu et largement accepté, y compris des autorités archéologiques les plus sérieuses, même si elles ne peuvent, pas plus que nous, l’expliquer.

Ne trouvant rien dans mon pays, je me mis en quête d’ouvrages ou d’articles anglais sur le sujet. Je trouvai entre autres plusieurs allusions à des « forteresses vitrifiées » dans une brochure grand public intitulée Scotland BC (« L’Ecosse avant J.-C »)[4], dont l’un des chapitre, consacré aux forteresses préhistoriques, donne quelques éléments significatifs :

« Quand les premières fortifications écossaises furent-elles construites ? Il s’agit d’une question apparemment simple - mais pratiquement impossible à résoudre[5]. Notre appréciation moderne de ce que l’on peut considérer comme des « défenses » peut ne pas recouvrir celle des peuples préhistoriques (...). Notre jugement repose sur la découverte de traces structurelles et d’armes. Sur cette base, la société préhistorique apparaît comme une société relativement pacifique au moins jusqu’au début du 1er. millénaire avant J.-C., à une exception près : un ouvrage massif entouré de palissades situé à Meldon Bridge, dans les Borders, mais cet ouvrage peut avoir été réalisé aussi bien dans un but de prestige que de défense. Cependant, vers la fin de l’âge du bronze, on trouve des preuves selon lesquelles la société amorça un changement et devint plus agressive. Les forgerons qui travaillaient le bronze commencèrent à produire en grande quantité des objets comme des épées et des boucliers dont la destination ne laissait aucun doute (...). Au même moment, on commença à construire les premiers forts de caractère défensif. Certains de ces forts furent construits en pierres liées (« laced ») avec des poutres pour les renforcer ; si un tel dispositif prenait feu, que ce soit accidentellement ou suite à une attaque ennemie, et si les conditions étaient réunies, la combustion des poutres provoquait la fusion des pierres qui, de ce fait se trouvaient amalgamées, avec pour conséquences la déformation du mur (on désigne ce phénomène sous le nom de « forts vitrifiés »)[6].   

Les  forts vitrifiés sont aussi presque toujours signalés dans une ambitieuse collection d’ouvrages publiés par les éditions Penguin – sans équivalent en France - visant à dresser l’inventaire exhaustif des monuments historiques des Iles Britanniques. La collection couvre une bonne partie de la Grande Bretagne mais je n'ai pu acquérir la totalité de ces ouvrages, et me suis contenté de ceux sur l’Ecosse. Voici, par exemple, ce qui est dit de cette question dans l’introduction générale, au paragraphe consacré à l’âge du fer :

« Une renaissance économique semble avoir débuté vers 600 avant J.-C., avec le début de l’âge du fer, le travail du fer, particulièrement orienté vers la fabrication de charrues, ce qui permettait le développement de l’agriculture. La grande majorité des établissements de l’âge du fer, visibles de nos jours, étaient entourée de défenses. Les défenses atteignant les 375 m² sont appelées « dun ». Lorsque, bien que d’une technique comparable, elles couvrent une surface supérieure, on les appelle « forts ». Ces fortifications occupent généralement un promontoire, par exemple Brough of Stoll on Yell (Shetland), une hauteur, par ex. Craig Phadrig, Inverness, ou quelquefois un tertre, par ex. Dun-da-Lamh, près de Laggan (Badenoch and Strathspey), ou encore une île : Dun an t-Siamain, près de Carinish, sur l’île de North Uist (Western Iles). Leur dénominateur commun est d’avoir augmenté les défenses naturelles du site par la construction d’un rempart qui incorpore parfois un appareillage de poutres de bois, ce qui, si le feu est mis à l’ensemble, soit par accident ou volontairement par des attaquants, peut déterminer un incendie d’une telle intensité qu’il provoque une fusion des pierres qui se transforment  alors en une masse vitrifiée, comme c’est la cas  à Craig Phadrig ou à Dun Ladaigh, vers Ullapool (Ross and Cromarty) (...) »[7].


 Craig Phadrig (photo du Highland Council)

En France

Il m’a été beaucoup plus difficile de trouver, en France, des ouvrages archéologiques abordant, ne serait-ce que par allusion, le sujet, y compris lorsqu’ils étaient centrés sur la période concernée qui, on le verra, est extrêmement courte puisqu’elle s’étend sur les âges du bronze et du fer, avec une prédilection pour cette dernière (1800 à 700 avant J.-C., pour l’Europe), du moins pour l’archéologie contemporaine[8]. A vrai dire, je n’ai rencontré, à ce jour, dans les milieux archéologiques, qu’une ignorance extrême de ce phénomène de vitrification, voire une certaine condescendance pour un sujet relevant, pour les scientifiques français, de l’archéologie mystérieuse[9]. Puisque les archéologues semblent dédaigner la question, j'emprunte la description du phénomène à un non-archéologue qui a cependant beaucoup écrit sur les Celtes, Jean Markale :

« Un autre système est assez curieux : il remonte dans le temps, puisqu’on a commencé à l’employer à la fin de l’âge du bronze, c’est-à-dire aux environs de 800 avant notre ère. Il s’agit du procédé dit de vitrification. On a longtemps cru qu’il s’agissait d’un phénomène déclenché par l’incendie d’une forteresse au cours d’un combat, mais en fait, cette vitrification a été provoquée délibérément pour des raisons tactiques[10]. Le noyau du rempart est constitué par une masse calcinée très dure et entièrement compacte, formée de pierres et de sable, ce qui donne au résultat un aspect très proche du verre épais et grossier. Cette calcination n’a pu se produire que sur place, après qu’on eut mélangé du bois aux matériaux entassés et qu’on y eut mis le feu. C’est une technique que les archéologues reconnaissent comme difficile à réaliser, mais qui a l’avantage incontestable d’assurer un rempart d’une solidité à toute épreuve, comme dans le fameux camp de Péran, non loin de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), qui reste un modèle du genre.[11] »

C'est grâce à cette mention de Markale que j'ai eu l'occasion de voir de visu mon premier fort vitrifié :  le Camp de Péran. Cet oppidum, très facile d’accès, ce qui n’est pas le cas, loin de là, de la plupart des oppida vitrifiés visités depuis, se trouve sur une butte peu élevée, à quelques kilomètres du village de Plédran, au sud de Saint-Brieuc. Première surprise, à la sortie de l’agglomération, les panneaux routiers indiquent soit « camp romain » soit, encore plus curieusement, « camp viking ». Sur le site même, les panneaux explicatifs, réalisés par les archéologues du Centre Archéologique de Péran (CAP), font référence à une « destruction du camp par les Vikings ». Cette interprétation qui, à mon avis, n’a aucune raison d’être, est due au fait que l’on a trouvé, lors des fouilles sur le site, plusieurs objets attribuables aux Vikings. Ces objets provenaient de Grande Bretagne, en particulier des pièces de monnaies, frappées à York vers le Xe siècle. A cette date, la ville d’York, était la capitale du royaume viking d’Angleterre. Le site de Péran ayant été détruit à cette époque, les archéologues du CAP en ont déduit, un peu hâtivement à mon avis, que c’étaient les Vikings qui seraient responsables de la vitrification du rempart de Péran. Le plus curieux est que, sur le site lui-même, aucun des panneaux ne fasse la moindre allusion à ce phénomène, pourtant particulièrement spectaculaire même à un œil non averti.



Le camp de Péran (commune de Plédran, Côtes d’Armor)


Vue aérienne du camp de Péran

Le camp, de forme circulaire, se développe sur une circonférence d’environ 200 mètres. Une levée de terre est couronnée par les vestiges d’un mur dont les pierres sont littéralement fondues ensemble. Péran, pour reprendre les termes de Jean Markale, est effectivement un « modèle du genre ». De cela, je peux témoigner après avoir vu plusieurs autres vestiges beaucoup moins significatifs. Ici, le phénomène de vitrification ne peut être contesté : on l’observe sur presque tout le pourtour du rempart. Les pierres, d’origines géologiques diverses (mais toutes des roches dures : quartzites, dolérites, aplites[12]) sont fondues et collées ensemble (certaines se sont même liquéfiées, se transformant, en refroidissant, en un magma évoquant de la lave volcanique[13]) pour ne former qu’une seule masse compacte.


Une petite portion de l’oppidum a été restituée, par les archéologues modernes, selon la technique du murus gallicus, que décrit César dans la Guerre des Gaules. Le général romain attribue cette technique, qui consiste à alterner poutres de bois et pierres, aux Gaulois, mais nous savons de nos jours qu’elle leur est bien antérieure et remonte au moins à l’âge du fer.




Murus gallicus d'après Déchelette

M. Jean-Louis Paute, président du C.A.P., à qui je m’étais adressé pour obtenir plus d’explications sur le site, m’a aimablement fait parvenir une petite brochure, éditée en 1991, qui retrace l’historique des recherches à Péran et leurs conclusions. Alors que, nous l’avons vu, les panneaux présents sur place ne faisaient aucune allusion à la vitrification du rempart, a contrario, le texte de la brochure s’y étend largement en adoptant l’hypothèse accidentelle. Force est même de constater que la vitrification du rempart fut à l’origine des premières fouilles diligentées au XIXe siècle au camp de Péran , comme ce fut d’ailleurs le cas - je devais le découvrir par la suite - pour la plupart des oppida vitrifiés connus en France.
Reconstitution moderne partielle du "murus gallicus"

Le site date donc, pour ses parties les plus anciennes, de l’âge du fer et son occupation a duré jusqu'à l’époque carolingienne. Selon les archéologues l’ayant étudié, sa destruction finale remonterait à une invasion viking vers 905-925 après J.-C. Leur hypothèse, pour expliquer la vitrification du rempart, est classique : pour eux, il ne fait aucun doute que l’incendie du « murus gallicus », mis à feu lors du sac de l’oppidum, est le seul responsable du phénomène de vitrification[14]. A l’appui de leur affirmation, les auteurs invoquent les datations obtenues par le Carbone 14 et l’archéomagnétisme. On sait cependant depuis quelques années que les datations « absolues » indiquées par l’analyse au C 14 sont sérieusement à revoir. C’est surtout le cas lorsque les éléments analysés ont été soumis à de fortes températures. Il est désormais admis que de telles circonstances ont pour conséquence de rajeunir considérablement les datations obtenues, jusqu’à les rendre inexploitables[15]. Mais un autre constat me fait prendre ces datations avec la plus extrême prudence : en effet, si la destruction de Péran remontait effectivement au Xe siècle, comme l’affirment les archéologues du C.A.P.,  le cas de cet oppidum serait unique au monde car ce serait la vitrification la plus récente que l’on connaisse, toutes les autres, sans exception, ayant été datées de l’âge du fer ! Même César, qui ne se prive pas de décrire avec force détails sa conquête de la Gaule, sans exclure aucun détail, ne fait état d’incendies qui auraient abouti à de tels résultats.

C’est pourquoi, l’affirmation péremptoire selon laquelle le phénomène qui aurait transformé le rempart de Péran en un magma vitreux serait imputable à la combustion du poutrage interne me laisse perplexe. On verra en effet qu’une telle allégation, sans doute a priori satisfaisante pour l’intellect, n’a jamais trouvé la moindre confirmation dans l’expérimentation.

Tentatives expérimentales de reproduire le phénomène de vitrification

L’un des rares ouvrages dû à des archéologues officiels qui aborde la question de la vitrification de remparts de l’âge du fer, « Villes, villages et campagnes de l’Europe celtique »[16], nous apprend que cette question, même s’ils rechignent à le reconnaître, a longtemps préoccupé la profession. Certains, et non des moindres[17], ont même essayé de reproduire le phénomène à grand renfort de moyens techniques, mais la plupart ont, à ce jour, échoué[18] :

« La toponymie, les légendes populaires, et encore aujourd’hui la littérature archéologique font une large place aux « enceintes vitrifiées » ou « calcinées ». Dans la masse des remparts de pierre écroulés, des « noyaux de chaux » ou des blocs fondus et soudés par la chaleur ont été découverts sur environ 150 sites. La plupart d’entre eux se trouvent en Ecosse et dans le Massif central[19].  Ils ont excité la curiosité des chercheurs, et des hypothèses de toutes sortes ont été émises pour expliquer ce phénomène.
« Au début du XIXe siècle, leur origine a été attribuée aux feux qu’auraient allumés les guetteurs pour transmettre des nouvelles à la ronde. En effet les auteurs de cette époque sont très préoccupés des relations d’enceinte à enceinte, et chaque description du site s’accompagne de considérations sur la surveillance du territoire.[20] Une hypothèse plus audacieuse[21] attribue les vitrifications à la foudre, qui aurait ainsi eu une prédilection particulière pour les remparts préhistoriques. Enfin certains auteurs imaginent qu’il s’agit d’une technique mise au point pour augmenter la cohésion des matériaux du rempart. Même si la réalisation d’un tel projet dans des roches cristallines suppose une quantité de bois considérable, il est facile de concevoir l’intérêt du  procédé qui permettrait d’avoir un rempart plus solide qu’un mur en béton. En revanche, les noyaux de chaux, que des auteurs comme Drioton croyaient avoir reconnus au cœur de talus érigés dans des régions calcaires, semblent d’un intérêt plus limité.
« En 1930, G. Childe parvient à fondre des blocs au cours d’une expérience sur une reconstruction, mais le choix des matériaux utilisés a été critiqué. Youngblood montre en 1978 que la combustion de l’armature de bois d’un rempart à poutrage interne ne peut pas provoquer de vitrification si un feu n’a pas été délibérément provoqué et entretenu dans ce but. I. Ralson reprend l’expérience en 1981 avec un rempart long de 9 m, large de 4 et haut de 2,40 m. Il le garnit intérieurement de poutres horizontales entrecroisées, dont les têtes dépassent en façade[22]. Plusieurs camions de bois ont été déversés devant le parement et enflammés. La température au cœur du rempart ne s’est élevée que très lentement. Elle s’est effondrée chaque fois que le vent, au lieu de rabattre les flammes vers le rempart, les éparpillait dans les autres directions. Dans les restes du rempart disloqué par la chaleur, quelques fragments vitrifiés ont pu être recueillis. Il est donc bien clair qu’il faut un feu intense, bien entretenu dans des conditions météorologiques favorables, pour obtenir une vitrification (...).
« Dans tous les cas qui ont pu être étudiés jusqu'à maintenant, l’action du feu ne laisse jamais de traces régulières, systématiques, qui pourraient seules être interprétées comme la preuve de l’emploi d’une technique de construction basée sur la combustion de la roche[23]. Il s’agit toujours d’observations localisées ou de traces irrégulières, jamais d’un parement vraiment soudé par le feu. De plus I. Ralston a montré que la carte des enceintes vitrifiées ou calcinées correspondait assez exactement à la répartition des enceintes à poutrage interne, de la protohistoire jusqu’au Moyen Age[24].
« S’agit-il alors des traces de l’attaque des habitats fortifiés ? La technique de siège la plus répandue avant l’intervention romaine consiste en effet à cribler de projectiles le sommet des remparts pour en déloger les défenseurs, puis à mettre le feu aux portes avant de se ruer à l’intérieur. Il est peu vraisemblable que, en pleine action, les assaillants aient eu le loisir d’entretenir un feu suffisamment intense pour obtenir des vitrifications qui réclament, l’expérience l’a montré, beaucoup de combustible et un vent favorable. Certaines enceintes écossaises sont d’ailleurs vitrifiées sur tout leur pourtour[25]. Nous imaginons volontiers que la vitrification est le produit d’une destruction systématique des fortifications de l’adversaire après la prise et souvent le pillage de la place, pour bien marquer le caractère irrémédiable de la défaite. »

On regrettera que cette intéressante analyse, l’une des plus développées que j’ai pu lire à ce jour sur le sujet, ne fasse référence à aucun site précis[26], si ce n’est pour leur dénier la qualification d’enceintes «vitrifiés » (i.e. le camp de Myard et du Châtelet d’Etaules, fouillés par J.-P. Nicolardot[27], en Bourgogne ), ni ne renvoie, dans la bibliographie citée, à aucune étude de référence sur la question. 

En conclusion, il semblerait que toutes les tentatives qui ont pour l’immédiat été faites afin de tenter de reproduire le phénomène de vitrification se soient soldées par un échec ou un semi-échec. La raison en est simple : la température atteinte à ciel ouvert n’a jamais été suffisante pour vitrifier les pierres, sauf sur des surfaces réduites. La plupart ont seulement été rubéfiées et non vitrifiées ! [28]

En effet, d’après les géologues consultés[29], la vitrification de matériaux comme le granite ou d’autres roches magmatiques ou métamorphiques, ne peut se produire qu’au-dessus de 1000° (en fait plus près de 1200°-1300°). Une telle montée en température ne peut pas être atteinte à l’air libre mais seulement dans un espace confiné, comme dans un four. Or, comment imaginer que l’on ait pu construire un four tout autour d’une enceinte de pierres de plusieurs centaines de mètres (et Péran n’est qu’un « petit » oppidum par rapport à d’autres, en Grande Bretagne en particulier, qui couvrent plusieurs hectares !).

Une autre hypothèse, pour obtenir une telle élévation de température, est évoquée sur le site britannique www.brigantesnation.com, qui se consacre presque entièrement à l’étude de ce phénomène : l’adjonction d’un produit chimique comme catalyseur aurait peut-être permis d’augmenter les températures nécessaires pour atteindre le point de fusion. Reste à savoir quel produit aurait pu être utilisé ? On a évoqué le sel, la soude ou la potasse, mais sans certitude jusque là…

Pourquoi et comment ?

On peut donc écarter, pour expliquer la vitrification d’enceintes de l’âge du fer, l’hypothèse accidentelle. Reste donc à comprendre dans quel but et comment nos ancêtres auraient volontairement vitrifié leurs oppida ou ceux de leurs ennemis.

Penchons-nous un instant sur l’hypothèse, défendue par certains[30], selon laquelle on aurait tenté de vitrifier les oppida pour les rendre plus solides. En effet, à l’âge du fer, on ne connaissait pas le mortier, qui serait une invention romaine. Auparavant, pour solidifier un ensemble de pierre, la technique la plus fiable était l’assemblage cyclopéen : d’énormes pierres découpées de manière à s’encastrer précisément les unes dans les autres, parfois en les liant à l’aide de tenons. C’est ce que l’on constate, par exemple, à Stonehenge, où le sommet des monolithes verticaux se termine par un tenon destiné à s’encastrer et stabiliser le monolithe horizontal. De nombreux autres exemples de cette architecture cyclopéenne sont encore visibles sur tous les continents : comme dans le cas des forts vitrifiés, il défient d’ailleurs toujours la sagacité des archéologues. Le plus curieux de l’affaire, c’est que les constructions de ce type datent plus ou moins de la même époque, l’âge du bronze, quel que soit le pays où elles se trouvent[31].

Donc, nos ancêtres, au lieu de mortier, auraient utilisé la vitrification pour lier les pierres entre elles. On a du mal à croire que des scientifiques qui revendiquent pour eux-même (souvent en la déniant aux autres), une démarche rationnelle, puissent seulement suggérer une telle absurdité. On a pu en effet largement constater que si cela était vrai sur certaines portions très restreintes de rempart, le résultat principal de ce processus est d’affaiblir la construction, non de la renforcer ! En effet, la pierre soumise au feu a plutôt tendance à s’effriter qu’à durcir, et par conséquent le rempart à s'effondrer sur lui-même sur de larges portions ; en outre, comme l’avait remarqué Drioton, lorsque l’on tombe sur un noyau de calcaire, celui-ci se transforme immédiatement en chaux sous l’effet de la chaleur, ce qui affaiblit encore plus la construction ! Cette dernière remarque explique certainement pourquoi (du moins à notre connaissance), on ne trouve aucune vitrification dans les régions calcaires. 

L’éclairage de la mythologie celtique

Voici pour les faits. Nous sommes bien obligés de conclure que nous ne savons pas comment nos ancêtres de l’âge du fer firent pour vitrifier leurs remparts (dont certains, en particulier dans les îles britanniques) sont très vastes et encore moins pourquoi.

En l’absence de toute explication rationnelle à cette énigme, du moins en l'état de nos connaissances, et constatant que les oppida vitrifiés se trouvent, de par leur ancienneté et leur situation, liés à l’aire celtique – même si on ne peut pas les attribuer aux Celtes proprement dits, pas plus d’ailleurs que les mégalithes, nous nous sommes tournés vers la mythologie celtique pour voir si elle pourrait nous permettre de comprendre.

Tout ce qui touche aux Celtes, à leur civilisation et à leur religion ou à leur mythologie, reste largement ignoré du grand public et reste l’apanage des spécialistes, la plupart anglo-saxons.

En France, c’est le regretté Jean Bertrand, surtout connu pour ses ouvrages grand public sous le pseudonyme de Jean Markale, qui a fait le plus pour vulgariser cette mythologie, en particulier à travers un ouvrage d’une érudition extrême, La femme celte, qui eut un retentissement mondial, ou encore L’épopée celtique en Bretagne ou L’épopée celtique d’Irlande. Certains de ses ouvrages plus commerciaux lui valurent des critiques cinglantes de certains de ses collègues universitaires qui lui reprochèrent trop d’approximations dans ses travaux. Il n’empêche que c’est à lui que nous devons l’intéressante réflexion sur la relation qui pourrait exister entre les « Villes (ou châteaux) de verre », nombreux dans la mythologie celtique, et les  forteresses vitrifiées :

« Il faut d’ailleurs voir dans ce procédé de vitrification l’origine des traditions concernant l’Urbs Vitrea, Care Gwtrin et autres lieux du genre Royaume de Gorre, c’est-à-dire des « Cités de Verre » qui se rencontrent si souvent dans les romans arthuriens et d’une façon générale dans toutes les traditions mythologiques irlandaises ou bretonnes. Les « Villes Blanches » de la tradition orale, qui désignent toutes d’anciennes forteresses ruinées, sont un souvenir évident de cette technique, par ailleurs parfaitement oubliée.[32] »

Si cet auteur a raison, si toutes les « cités de verre » ou « châteaux de verre » ou « villes blanches » (et leurs variantes) des légendes celtiques désignent d’anciens « forts vitrifiés », les voies de recherche sont beaucoup plus larges que je ne l’avais imaginé !

Il y a bien d’autres pistes dans ses livres. Nous en avons trouvé quelques-unes dans son ouvrage consacré à Merlin l’enchanteur.[33]

Nous y apprenons par exemple que, lors du combat entre Aurélius Ambrosius et Vortigern, ce dernier « se réfugie dans une forteresse à laquelle on met le feu. L’usurpateur périt avec toute sa famille.[34] » 

Mais une note en fin de volume précise :

« Dans l’Historia Brittonum,[35]l’auteur prétend que « la quatrième nuit, toute la citadelle fut embrasée par le feu du ciel (chap.47) »

Ce feu serait donc d’origine surnaturelle.  

Nous commencerons par le site le plus occidental de « l’aire celtique » où l’on ait signalé des traces de vitrifications[36] : l’Ile de Tory, située au large de la côte occidentale de l’Irlande. Cette île doit son nom (Tor Inis = « Ile de la Tour ») à une tour, l’une de ces nombreuses round towers (« tours rondes ») qui se dressent encore par centaines sur l’Ile Verte (ainsi qu’en moindre quantité en Ecosse) et dont on n’a jamais pu savoir à ce jour quel en avait été l’usage véritable. L’hypothèse la plus commune les fait remonter aux tout débuts de l’ère chrétienne ;  elles auraient alors servi de clochers ainsi que de tours de guet mais aussi de « coffre-fort » dans lesquels les moines entreposaient le trésor des monastères menacés par les raids des Vikings[37]. Comment, alors, expliquer que, dans la plupart des cas, elles soient encore debout et le plus souvent intactes alors que les monastères qui les entouraient ont été rasés ? L’extraordinaire qualité de leur architecture, faite de pierres magnifiquement appareillées sans mortier explique sans doute en partie le mystère. Le fait est que la tour de Tory Island a tellement marqué l’histoire de cette petite île que l’île elle-même a pris le nom de la tour. Voici ce que j’ai pu lire à son sujet : 

« La tour de l’île de Toriniz, aujourd’hui île Tory (…), d’âge si vénérable, n’existe plus en tant que bâtiment. Toutefois, elle perdure encore, ou du moins perdurait au siècle dernier, en tant que ruines. Le grand étonnement des archéologues fut de constater que ces vestiges étaient vitrifiés. Quelle peut être la raison de cette vitrification ? »[38].

Or, c’est précisément sur cette île  que, selon la tradition mythologique irlandaise, les Fomoire (ou Fomore), avaient installé leur camp de base et c’est de là qu’ils lançaient leurs expéditions militaires sur l’Irlande, alors occupée par leurs ennemis, les Tuatha dé Danaann (que l’on traduit, sans autre certitude, par les « enfants » ou les « fils » de la déesse Dana). Le peuple des Fomoire était composé de géants maléfiques ; ils étaient à la fois alliés, par des liens familiaux complexes, et néanmoins ennemis irréductibles, des Tuatha dé Danaann. Aucun de ces deux peuples n’était originaire d’Irlande mais des « Iles du Nord du Monde », un endroit des plus mystérieux dont tout ce qu’on sait est qu’il était situé dans l’extrême Nord du monde. Ces deux peuples étaient dotés de puissants pouvoirs et d’armes, réputés « magiques » pour nos ancêtres mais qui évoquent, lorsqu’on y regarde de plus près, certaines de nos techniques les plus modernes et les plus destructives comme les armes bactériologiques, le laser ou le canon à plasma…

L’un des chefs des Fomores, le géant Balor, qui était par ailleurs le grand-père du « dieu » Lug, l’un des Tuatha dé Danaann, avait établi son quartier général[39] sur Tor-iniz (l’Ile de la Tour). Les descriptions que l’on a de Balor font froid dans le dos. Elles évoquent plus une sorte de machine de guerre, un gigantesque robot digne de la Guerre des Etoiles, qu’un être vivant : on le décrit comme un cyclope dont l’œil unique émettait un rayon qui réduisait en cendres ses ennemis : « C’est un géant effrayant dont l’unique œil foudroie toute une armée lorsqu’il soulève les sept paupières qui le protègent[40] ». Cet « œil » maléfique devait, pour faire son œuvre de mort, être maintenu ouvert grâce à des crochets métalliques manipulés par plusieurs aides qui se tenaient soigneusement à l’écart. Lors de l’une des trois batailles de Mag Tured qui se déroulèrent en Irlande entre les Fomore et les Tuatha de Danaann, le dieu Lug, un des Tuatha, parvint à neutraliser l’œil de Balor, qui ravageait les rangs de ses compagnons, en utilisant sa lance personnelle, que les textes  désignent sous le nom de « lance d’Assal », l’un des quatre objets magiques provenant  des Iles du Nord du Monde[41]. Cet objet avait lui aussi des propriétés extraordinaires : il ne manquait jamais son but et, après avoir accompli son œuvre destructrice, il revenait dans la main de son maître. Pour le « refroidir », on devait le plonger dans un chaudron rempli de « poison ou de fluide noir », que l’on a sans raison, à mon sens, assimilé à du sang humain [42].

Jean Markale, dans Les Celtes et la civilisation celtique, donne plus de détails sur cet instrument fabuleux :

« Lug est le possesseur d’une lance magique qui fait penser aux flèches à la fois meurtrières et guérisseuses d’Apollon. Elle s’appelle Gai Bolga[43]. C’est l’emblème de l’éclair. Elle provient d’Assal, une des îles du nord du monde (allusion à l’Hyperborée) d’où étaient originaires les Tuatha Dé Danann. Cette lance avait un pouvoir venimeux et destructeur et, pour atténuer ce pouvoir, il fallait plonger la pointe dans un chaudron rempli de poison et de « fluide noir », c’est-à-dire de sang »[44]. Après avoir été lancée, en utilisant un cri particulier (« ibar », qui signifie « if »), et une fois touché son but qu’elle ne ratait jamais (« sa valeur est telle qu’elle ne frappe pas par erreur »), elle revenait d’elle même dans la main du dieu grâce à un autre cri,  « athibar » : « elle revient en arrière jusqu’à la main qui l’a lancée »[45].

Qu’était donc cet objet ? Quelle technologie était mise en oeuvre par Balor et par Lug pour se faire la guerre ? N’est-il pas étrange que la Tour de Toriniz, l’endroit précis où résidait le géant Balor, ait été vitrifiée ?




Mais il y a beaucoup d’autres faits inexpliqués dans la mythologie irlandaise, d'autant plus que celle-ci ne nous est parvenue que par bribes, souvent mal transcrites et interprétées par les moines chrétiens…

Toujours en Irlande, je suis aussi tombé sur une courte notice parlant de la destruction de Navan Fort[46]
Navan fort

Cet endroit, situé dans le nord de l’Irlande, était un haut lieu religieux. Les circonstances de sa destruction laissent à penser qu’il fut détruit volontairement par le feu dans un but cultuel ou religieux. Il en est de même d’un autre site extraordinaire, que l’on appelle le Grianan of Aileach, nom que l’on traduit généralement par « chambre du soleil ». 


Grianan of Aileach

Il y a aussi le stupéfiant Tumulus de Newgrange, dans l’est du pays, gigantesque structure de pierre construite et reconstruite au cours des millénaires, qui est aussi une « chambre du soleil ». 


Newgrange

Je pense que c’est cette piste qu’il faut explorer pour tenter de résoudre l’énigme des forts vitrifiés.   

Les oppida vitrifiés de France       

Depuis la première version de ce mémo (10/12/98), j’ai eu connaissance des travaux d’un archéologue anglais du nom de Iain Ralston sur les oppida du Limousin[47]. Pendant l’été 1999, en compagnie de quelques amis, je m’y suis rendu pour tenter de voir de mes propres yeux quelques uns des sites cités dans cet ouvrage comme portant des traces de vitrifications. J’ai cependant dû constater que le travail de Ralston, qui est par ailleurs l’un des inventaires en langue française les plus complets qui soient sur les forteresses de l’âge du fer en France, fait une large place au phénomène de vitrification. Malheureusement, sur place, l’accès aux sites est souvent rendu difficile par une végétation débridée et un manque d’entretien flagrant. 

Nous dûmes ainsi renoncer à nous rendre sur certains oppida en raison d’indications trop imprécises (ce fut le cas aux Muraux, commune de St. Georges de Nigremont où, même les riverains ne purent nous en indiquer l’accès). D’autres endroits, où l’on avait par le passé signalé des vitrifications, ont été détruits par une urbanisation sauvage sans que personne ne s’y oppose (ex. village de Thauron).  Les autres sites visités, pour n’être pas urbanisés, n’en sont pas mieux protégés. C’est le cas du Puy de Gaudy, dominant le village de Ste. Feyre, tout près de Guéret, pourtant l’un des sites français le plus souvent cité comme exemple de vitrification : il est devenu le lieu de  promenade favori des pensionnaires de la maison de retraite de la MAIF située dans le village au-dessous ou des « VTTistes » qui franchissent sans état d’âme les murailles millénaires, accentuant leur éboulement. 

Ancienne carte postale représentant Ste. Feyre dominée par le Puy de Gaudy (Creuse)

Dans ce département, pourtant fort riche en vestiges archéologiques et historiques, les autorités ne paraissent pas avoir conscience de la valeur des sites dont elles ont la responsabilité. Au cours de ces visites, par ailleurs assez décevantes pour les raisons indiquées, nous n’avons relevé que peu de vitrifications indiscutables. 

Ce fut cependant le cas à l’oppidum de Châteauvieux à Pionnat qui fait face au Puy de Gaudy. Bien que l’endroit soit, lui aussi, envahi par une végétation inextricable, les vitrifications sont  tout à fait remarquables et incontestables. Ayant vu Péran, il nous a été facile d’y constater le même phénomène qu’en Bretagne : pierres littéralement « soudées » entre elles par leurs parois ;  certaines transformées en une véritable « lave ».


Echantillon prélevé au camp de Châteauvieux - Pionnat (Creuse) juilllet 1999

Sur place, la théorie lue ou entendue à propos de plusieurs sites, selon laquelle ces pierres vitrifiées étaient le résultat d’un processus de fonte de métaux dans des hauts-fourneaux répartis le long du rempart est abondamment reprise. Elle ne résiste cependant pas une minute à l’examen. En effet, à Pionnat, nous avons compris comment l’on pouvait confondre certains éboulements du rempart, qui forment une sorte de voûte cimentée par la vitrification des pierres, avec le cul-de-four d’un haut-fourneau primitif. Cette confusion, excusable pour des non-spécialistes cherchant à tout prix une explication satisfaisant le bon-sens, ne l’est plus lorsqu’on la lit sous la plume d’archéologues avertis. Il suffit pour s’en convaincre d’observer le rempart dans sa continuité pour s’apercevoir que ce que l’on a pris un peu vite pour des vestiges de hauts-fourneaux ne possède aucune des structures qui seraient nécessaires au fonctionnement d’un tel dispositif (en particulier l’absence de prise d’air). Il s’agit bien, purement et simplement, d’une « bulle de lave » comme on en observe dans les formations volcaniques naturelles, sauf que, dans le cas qui nous occupe, nous avons affaire à un processus artificiel et non à un phénomène naturel.

Depuis ce voyage dans la Creuse, j’ai, bien entendu, poursuivi mes investigations. Elles m’ont permis d’identifier avec certitude d’autres forts vitrifiés, en particulier deux dans la région de Roanne (en mai 1999), et un autre dans l’Allier (en mai 2000) [voir liste in fine de cet article].

En résumé

- Leur âge : Bien que recouvrant, plus ou moins, l’aire d’extension de la civilisation celtique (Ecosse, Irlande, Grande-Bretagne, France, Belgique, pays scandinaves, Europe centrale, Italie, Portugal[48]), les forts vitrifiés remontent tous sans conteste à l’âge du fer. Ils sont donc antérieurs à l’invasion celte en Europe occidentale, qui culmina aux environs de - 275 ;

- La cause accidentelle peut être définitivement exclue;

Les vitrifications que l'on constate ont donc été provoquées volontairement ;

Dans quel but ? La piste la plus vraisemblable est la piste cultuelle (Cf. l’exemple de Navan Fort).

Il existe cependant d’autres sites vitrifiés hors de l’aire celtique, dont l’origine reste tout aussi inexplicable: hormis les Iles Britanniques, qui en compte le plus grand nombre, nous en avons identifié une centaine en France, mais aussi en Scandinavie, en Europe de l’Est (Allemagne, ex-pays du bloc de l'Est), Suisse, Portugal, etc.

D'autres mentions de vitrifications sont faites sur le continent américain et au Moyen-Orient, en particulier dans l’ancien pays des Hittites (actuellement zone intermédiaire entre la Turquie, la Syrie et l’Irak) ainsi qu'en Inde. J’espère pouvoir développer ces points dans une étude plus approfondie que je poursuis.

SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES

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  •  Base Mérimée du  Ministère de la Culture ;
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  •  CHILDE, Gordon. Excavations of the vitrified Fort of Finavon, Angus (cite par MacKIE).
  •  Collection des ouvrages sur le patrimoine classé de Grande Bretagne publié par les éditions Penguin, en particulier : The buildings of Scotland. London, Penguin Books.
    •  Dumfries and Galloway (1996)
    •  Fife (1988);
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  •  Nombreux guides touristiques, en particulier : Grand Guide d’Irlande (1988). Paris, Gallimard (Bibliothèque du voyageur), 1988 ; Guide Bleu Bretagne, Paris, Hachette, 1992 ; Guide Bleu Grande-Bretagne. Paris, Hachette, 1990 (réed. 1994) ; Guide du Routard Ecosse 1996-1997. Paris, Hachette, 1995 ; Guide du Routard Irlande 1994-1995. Paris, Hachette, 1994.
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  •  KEEN, Richard ; BURGUM, Ian (1997). Wales. London, Weidenfeld & Nicolson, 1997.
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  •  LA TORRE, Michel (De). Guides départementaux Deslogis-Lacoste. Paris, Deslogis-Lacoste, dates diverses : Guides Creuse, Haute-Loire, Loire, etc.
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  •  MacKIE, Euan : « Radiocarbon dates and the scottish iron age », in :  Antiquity, XLIII, 1969, pp. 15-26 (texte aimablement communiqué par l’Université de Cambridge).
  •  MARCILLE Sabine (1999) : « Civilisation celtique : ces étranges cités vitrifiées », in : Efferve-Sciences, n°11 (1999).
  •  Nombreuses œuvres de Jean MARKALE pseudo. de Jean Bertrand), en particulier :
  • Les Celtes et la civilisation celtique. Paris, Payot, 1969 (rééd. 1992).
  •  Merlin l’enchanteur. Paris, Ed. Retz, 1981 ; rééd. recue et corrigée, Paris, Albin Michel, 1992 (coll. Espaces libres).
  •  Petite encyclopédie du Graal. Paris, Pygmalion, 1997.
  •   Sites et sanctuaires des Celtes. Paris, Guy Trédaniel, 1999.
  •  NICOLARDOT, J.-P.  (1991): Le Camp de Péran, Saint-Brieuc, Centre archéologique de Péran, 1991.
  •  PENNICK, Nigel (1997). The sacred world of the celts. London, Thorsons, 1997.
  •  PERSIGOUT, Jean-Paul (1985): Dictionnaire de mythologie celte. Paris, Ed. du Rocher, 1985 (rééd. 1990).
  •  POLET, Jean-Claude (ss. La dir.) (1992). Patrimoine littéraire européen, T. 3 : Racines celtiques et germaniques. Bruxelles, De Boeck-Wesmael, 1992.
  •  RALSTON, Ian B.M., (1992) : Les enceintes fortifiées du Limousin. Paris, Maison des Sciences de l’Homme, 1992 (Documents d’Archéologie Française, n°36).
  •  RITCHIE, Anna (1988): Scotland BC Edinburgh, 1988 (rééd. 1994), H.M.S.O. (coll. Historic Scotland).
  •  TALBOT, Rob; WHITEMAN, Robin (1998). Northumbria, English border country. London, Weidenfeld and Nicolson, 1998.
  •  WOOD, Juliette (1998). The Celts. London, Duncan Baird Publ. 1998.
  •  ZACZEK, Iain (1998). Ancient Scotland. London, Collins and Brown, 1998.
Sites internet (sous réserve de changements)
Remerciements

Je remercie mon frère Yvon COMTE, Direction Régionale des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon, pour m’avoir indiqué quelques forts vitrifiés recensés dans les bases du Ministère des Affaires Culturelles. C’est aussi grâce à ses recherches sur Internet que j’ai eu connaissance du site anglais Prehistoric Web Sites qui donne la liste la plus étendue de forts préhistoriques des Iles Britanniques (dont un certain nombre sont vitrifiés). Je lui dois aussi d’être entré en contact avec Michel WIENIN, chargé de l’étude du patrimoine industriel à l’Inventaire Général, Direction des Affaires Culturelles Languedoc-Roussillon, qui a fait analyser certains échantillons de vitrifications recueillies par mes soins par l’Ecole des Mines d’Alès. Malheureusement, les résultats qu’il m’a communiqués ne m’ont pas éclairé sur le phénomène…
Denise BONJOUR, éternelle chercheuse aux frontières du réalisme fantastique, qui m’a fait connaître un article de Sabine MARCILLE consacré à ce sujet (1999).
Merci aussi à tous ceux dont les indications sur place m’ont permis de visiter les sites, en particulier : Mme DUQUESNE, à Lussac-les-Châteaux (86), M. Eugène MAZEROLLES (à Bègues, Allier), qui a de plus eu la gentillesse de m’offrir  quelques échantillons de pierres vitrifiées prélevées sur sa propriété ; les mairies de St. Alban-les-Eaux et de Villerest (42) dont le personnel s’est mis en quatre pour tenter de m’apporter des informations sur le sujet ainsi que tous les anonymes rencontrés au cours de mes pérégrinations.  
A Robert COURBIS, qui m’a fait cadeau de deux échantillons de verre libyque rapportés d’une expédition dans la Grande mer de sable, aux confins de la Libye et de l’Egypte.
M. Victor SOUCHE, un auteur Creusois de passage à Aubenas, à qui j’ai appris l’existence de ces structures dans son département et qui, en retour, m’a spontanément adressé les photocopies d’anciens articles parus sur les forts vitrifiés de la Creuse que je ne connaissais que par des citations.
Auxquels je dois ajouter, depuis la publication de mon premier article en français et en anglais sur le site britannique brigantesnation.com un nombre considérable de correspondants étrangers qui m’ont communiqué des informations. Qu’ils soient tous ici remerciés.



[1] Diplômé de Sciences Po., ancien élève de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris.
[2] Mais l’on trouve aussi hillforts (forts de hauteur), ringforts (forts circulaires), oppidum (pl. oppida), etc.
[3] En anglais, différentes appellations désignent ce type de structure : « Vitrified forts, vitrified hillforts (forts de hauteur), ringforts » (forts circulaires), etc.
[4] RITCHIE, Anna, Scotland BC, 1988.
[5] Les Celtes (1997) avance la date de la Tène finale, qui commence vers 125-115 av. J.-C. pour la construction des forteresses selon la technique du murus gallicus (p. 292).
[6] RITCHIE (1988), p. 61 [Traduit par mes soins]. Cette dernière hypothèse, pour expliquer la vitrification de ces ouvrages, paraît a priori séduisante. Elle est d’ailleurs très souvent reprise sans autre examen par la plupart des auteurs qui abordent la question. Nous verrons plus loin ce qu’il faut en penser…   
[7] GIFFORD (1992), p. 27 [Traduit par mes soins].
[8]  Le seul auteur à aborder sans renâcler la question est un auteur anglais ( !), Ian RALSTON, dans un ouvrage sur les Enceintes fortifiées du Limousin, Paris, 1992 (voir bibliographie). L’énigme des forts vitrifiés avait pourtant beaucoup intrigué les archéologues français de la fin du XIXe siècle et du début du XXe. Malheureusement, leurs publications ont été faites dans des revues savantes de nos jours souvent difficiles à consulter.
[9] Titre inventé par Louis Pauwels et l’équipe de la revue Planète, dans les années 70 pour qualifier tous les sujets mystérieux auxquels l’archéologie conventionnelle refusait de s’intéresser.
[10] Souligné par moi. Nous verrons que cette opinion, pour intéressante qu’elle soit, est loin d’être justifiée par l’observation.
[11] MARKALE (1997), p. 133-134. Cet auteur, peut-être parce qu’il n’est pas archéologue, est l’un des seuls à tenter une approche scientifique du phénomène.
[12] Analyses communiquées dans la plaquette du C.A.P., in : NICOLARDOT (1991), p. 7.
[13] J’insiste sur le terme « évoquant » car ce n’est pas de la lave volcanique mais des pierres retournées à l’état liquide suite à une très forte chaleur. Avec les vestiges de hauts fourneaux, le volcanisme est en effet l’une des « hypothèses » les plus couramment avancées pour tenter d’expliquer le phénomène de vitrification. Dans la plupart des cas, cette explication, pour séduisante qu’elle soit, ne résiste pas à l’analyse objective, même si, dans de rares cas, on peut trouver des traces de volcanisme sur les sites concernés.
[14] Hypothèse classique mais, nous l’avons dit, non confirmée à ce jour.
[15] KOUSNETSOV, IVANOV, VELETSKY (1989).
[16] F. AUDOUZE et O. BUCHSENSCHUTZ (1989).
[17] Gordon CHILDE, par exemple.
[18] Notons que le « chapeau » de ce chapitre est curieusement intitulé, sans autre explication dans le texte qui suit : « Les châteaux de verre ». Je n’aurais sans doute pas autrement remarqué ce détail si  je n’avais précédemment lu Jean Markale (1997).
[19] Souligné par moi.
[20] Les auteurs ne commentent pas ces hypothèses et nous ne savons donc pas ce qu’ils en pensent. Quant à moi, j’ai du mal à croire qu’on puisse sans rire évoquer une telle absurdité ! 
[21] Mais, à mon avis, tout aussi invraisemblable.
[22] Ce détail n’est pas anodin, le dépassement de poutres en façade permettant une mise à feu plus facile. Or, dans le cas des remparts « à poutrage interne » que nous connaissons, les poutres étaient toujours plaquées de pierres et n’offraient aucune prise externe.    
[23] Souligné par moi.
[24] Qu’on nous permette de remarquer que l’auteur lui-même n’est pas aussi affirmatif (RALSTON, 1992). Il semblerait par ailleurs qu’on ne doive tirer aucune relation de cause à effet de cette observation puisque, si les oppida construits selon la technique du murus gallicus montrent souvent des traces d’incendie [Ralston fait bien la différence entre « pierres rubéfiées » et « vitrifiées »], nous avons vu que la mise à feu de la structure de bois ne suffisait pas à vitrifier les blocs de pierre.
[25] C’est aussi le cas du camp de Péran, comme nous avons pu le vérifier.
[26] A commencer par le camp de Péran qui n’est ni cité ni mentionné sur la carte incluse dans l’ouvrage.
[27] Notons au passage que c’est ce même archéologue qui a été responsable des fouilles de Péran.
[28] Ce qui n’est pas du tout la même chose ! Voir, supra, note 20.
[29] En particulier Georges                    NAUD, docteur en géologie et  président de la Société géologique d’Ardèche.  Des analyses d’échantillons ont été réalisées à l’Ecole des Mines d’Alès mais les résultats obtenus n’ont rien apporté (je remercie néanmoins M. Michel WIENIN, qui a bien voulu me faciliter ces analyses).
[30] MARKALE, op. cit.
[31] Mais c’est un autre sujet.
[32] MARKALE, op. cit.       
[33] J. Markale- Merlin l’enchanteur, Paris, 1981. Réédition revue et corrigée, Paris, Albin-Michel, 1992.   
[34] J. Markale. Merlin l’enchanteur, op. cit., p. 25.
[35] L’Historia Brittonum a été composée vers 830. Elle regroupe des documents plus anciens ayant trait à l’histoire de l’île de Bretagne, principalement du pays de Galles.  
[36] Peut-être, de nos jours, disparues, je n’ai pu vérifier.
[37] Je dois cependant faire remarquer que leur sommet, très étroit, ne semble pas destiné à abriter de cloches et encore moins un guetteur. Il s’apparente plutôt – en plus important – à ces autres énigmes de l’histoire que sont les lanternes des morts, mais ceci est encore un autre sujet !
[38] KOARER-KALONDAN (1973), p. 80.
[39] Le terme n’est pas impropre, car il s’agissait d’une véritable armée. 
[40] PERSIGOUT (1980), p. 40.
[41] PERSIGOUT (1980), p. 184.
[42] MARKALE (1997), p. 354.  Ce « poison ou fluide noir » aurait pu être un produit chimique corrosif quelconque mais, en aucun cas, du sang, même humain !
[43] Dans bolga, on trouve le radical « bolg » qui signifie « foudre » ou « feu du soleil ». On ne peut s’empêcher de penser au « foudre » de Zeus dont on ne sait pas plus de quoi il s’agissait réellement.
[44] Ouvrage cité, p. 395.
[45] MARKALE (1997), citant R.A.S. MACALISTER, Leabhar na Gabala, poème 66. 
[46] Voir la rubrique qui est consacrée à ce site, plus bas.
[47] RALSTON (1992).
[48] Indications données par M. Vernioles, Université de Paris.

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Yo entiendo tambien el castellano y puedo correspondir en esta lengua : r-comte@hotmail.fr No conociendo muchos fuertes vitrificados en Espana, le agredeceria mucho toda contribucion sobre este pais.